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Raconte nous : Episode 5 - Déménager à l’autre bout de la France

Bienvenue sur ce 5ème épisode de “Raconte nous”. Dans ces articles, le but est de raconter un moment de notre vie qui a été marquant : Une image que vous n’oublierez jamais, par exemple ça peut être le moment où vous avez rencontré votre idole, où vous avez découvert votre passion, où un événement que vous avez vu en direct… Il y’a beaucoup d’autres exemples qui sont en lien avec la vie de tous les jours.


Pour ce 5ème épisode, c’est Charlotte à l’écriture. Je partage avec vous aujourd’hui l’expérience qu’est le déménagement à l’autre bout de la France pour faire des études. Plus spécifiquement le passage de la Gironde (33) au Nord (59).



Comme j’ai déjà pu le dire souvent sur ce blog, je suis née et j’ai grandi en Gironde. J’y ai fait mes 4 premières années d’études supérieures. Pour le master, pour terminer le cycle, je devais faire différents dossiers dans différentes universités, et voir qui m’accepterait. J’avais demandé 7 facs : Bordeaux, Toulouse, Poitiers, Nantes, Montpellier, Rouen et Lille. J’avais fait des classements de préférence selon les lieux, le prix des loyers, les matières enseignées et la distance depuis ma famille. Sur tous mes classements, Lille était en dernier. Et, il n’y a aucun spoil, vous savez où je me suis retrouvée.


Alors donc, si je ne voulais pas y aller, pourquoi ai-je postulé ? Et pourquoi y suis-je allée ?


Ça sort un peu du thème de l’article mais je pense que c’est important d’expliquer, pour comprendre, notamment pour ceux qui ne sont pas allés jusqu’à ce niveau d’études.


Le contexte du déménagement


Il faut savoir que dans mon cas, mon dossier était plutôt mauvais et je me cherchais un master 2 en droit. Je n’étais pas bonne dans le domaine mais je voulais finir mon cycle. Et c’est une galère car les master 2 sont souvent à places réduites, tout le monde veut les meilleurs master. On revit “APB” (Admission Post Bac, aujourd’hui Parcoursup pour les plus jeunes) 4 ans plus tard et c’est l’angoisse. Donc, personnellement, au vu de mon dossier, j’ai demandé le maximum de masters possibles. Et en plus des masters qui m’intéressent, dans la branche du droit que je voulais. Il n’en restait donc que 7. Et, au fond de moi, j’étais persuadée que quelqu’un d’autre que Lille me voudrait. Donc que ce n’était qu’un choix de secours, comme sur APB quand on devait mettre une fac “au cas où” (et pour moi ça n’avait même pas marché, puisque même ma fac “au cas où” m’avait refusée, bref.)


J’ai passé deux entretiens, à Montpellier et Bordeaux. Toulouse et Poitiers m’ont refusé directement à la vue du dossier. J’étais en liste d’attente pour Nantes et Rouen. Aucune nouvelle de Lille.

Le temps passe, je suis également refusée à Montpellier suite à l’entretien. Je suis sur la seconde liste d’attente pour Bordeaux, rien avance pour Nantes et Rouen. Mi-juillet, dans cette ambiance anxiogène, j’apprends que je suis prise à Lille. De peur de ne pas être prise ailleurs j’accepte. Puis je me rends compte que ce n’est pas Lille, mais Cambrai…


Je ne connaissais pas du tout Cambrai, et pour ceux qui connaissent, je ne veux pas cracher dessus mais c’est le pire schéma possible pour une fille qui a vécu 4 ans dans un appartement à 5 minutes à pieds du tram à Bordeaux. Je me retrouve donc à avoir accepté une année d’études à un peu plus de 800km de chez moi, dans une ville où la moyenne d’âge est de 40 ans, et où les bus passent toutes les heures hors vacances scolaires. Je n’ai même pas de voiture. Mais honnêtement, et bien qu’on puisse croire le contraire, j’ai eu très peur au début, mais je ne regrette absolument pas cette décision d’être partie. Surtout que, pour clore la partie demande de master, j’ai été acceptée à Bordeaux moins d’une semaine après avoir validé mon choix de Lille/Cambrai. Et en septembre, je recevais une acceptation pour Rouen.


La découverte de l’endroit


Dans cette décision de partir, j’ai eu beaucoup de chance d’avoir le soutien de ma famille. Nous avons fait deux voyages dans le Nord : un pour trouver et choisir un appartement, dans le même week-end ; un pour me déménager. J’ai trouvé un appartement non meublé donc c’est en camion, avec mes parents, que nous avons transporté tous mes meubles. Ils sont reparti de ce voyage sans moi.


Partir aussi loin demande énormément de maturité et d’autonomie. Selon le profil et le caractère, cela se passera plus ou moins bien. Chacun vivra le changement et l’éloignement différemment selon aussi s’il connaît des gens dans l’entourage, pas très loin. Personnellement, cela a aiguisé mon hypocondrie et j’ai découvert la joie des crises d’angoisses et des troubles du comportement alimentaire. La solitude est pesante, car on ne connaît personne. Mais là aussi tout dépend de la personnalité de chacun, certains réussissent vite à s’y faire, personnellement je ne suis pas quelqu’un qui aime sortir ou de très sociable (de toute façon à Cambrai…) donc j’ai rencontré uniquement deux personnes lors de cette nouvelle vie, qui me sont aujourd’hui très chères.


Suite à cette année là, j’ai fait un second master 2 à Amiens, où je vis encore actuellement. Autant dire qu’en terme de ville et de population, c’est bien mieux que Cambrai ! Avec ce déménagement, je me suis “rapprochée” de chez mes parents, je suis désormais à 785km. De plus, je suis proche de Paris, ce qui fait que je peux y être en moins de 1h30 en train. Rentrer à Bordeaux est donc aussi un peu plus simple. C’est important lorsque vous choisissez une destination de déménagement, regardez comment vous pouvez rejoindre votre famille, et choisir un logement pas très loin de la gare. Prendre une carte de réduction, un abonnement SNCF peut aussi être très utile et rentable.


Je pense que dans tous les cas, pour un tel déménagement il faut une vraie motivation derrière, une vraie raison, sinon on est démotivée. Si on n’aime pas notre appartement, les gens, l’endroit, la ville, ce qu’on y fait, lorsque tout ce qui nous motive habituellement n’est plus là, ça ne sert plus à grand chose.


Les ressentis locaux


Pour en revenir au sujet principal de cet article, je vais vous parler du dépaysement total qu’il y a eu entre le Nord et le Sud-Ouest. Je suis arrivée avec plein de clichés en tête : le film “les ch’tis”, “Tellement Vrai” ou encore “C’est ma vie” comme références. Le tunning, les coupes mulets, l’accent, la consanguinité, la consommation de bières, les familles vraiment trop nombreuses, l’amour pour Johnny, et j’en passe… Surtout que je sais maintenant que certains clichés sont faux, ou en tout cas je n’ai jamais eu l’occasion de le voir de mes propres yeux !


Les expressions employées, l’accent des gens… Je n’ai jamais été dans une situation de totale incompréhension, en général si je ne comprends pas du tout c’est que la personne en face de moi parle vraiment trop vite.

J’ai toujours fini par comprendre les expressions, ou à me faire comprendre, notamment lorsque je dis le mot “poche”. J’ai continué à manger des “chocolatines” en le disant fièrement.


Pour ce qui concerne le paysage, c’est en effet bien différent de là où j’ai grandi. Aucune vigne ici, beaucoup de tulipes, et des champs de patates.

Pas de grosses vagues à la mer, ce n’est pas l’océan, mais de nombreux beffrois qui n’existent pas chez moi !

Ce changement de paysage s’en suit d’un énorme changement d’odeur : dans le Nord, poussent les betteraves. De base, je n’aime pas ça. Mais lorsqu’il pleut trop, ou qu’il y a trop de pollution, ou même trop de soleil, d’ailleurs j’ai juste l’impression que c’est constant, le Nord pue la betterave. J’ai le souvenir de l’air gris, comme si un énorme nuage non palpable flottait dans l’air, avec cette odeur horrible de betterave. Sentir cette odeur suffit à faire chuter mon moral.


Les gens sont adorables dans le Nord. Certes, il y a des cons partout, mais les bordelais semblent trop vouloir faire les parisiens, et pètent de plus en plus beaucoup plus haut que leurs culs. On se sent bien accueilli ici, et je suis plutôt du même avis avec Amiens !


Depuis que j’ai déménagé, j’ai découvert la bière. J’en buvais peu, je n’aimais pas trop ça. Qui le croirait aujourd’hui ? J’ai appris à aimer la bière. Par contre, je n’ai jamais goûté de spécialité locale, que ce soit le welsh, le maroilles, la fricadelle, la carbonade flamande, le potjevlesch ou encore la ficelle picarde, le gâteau battu, le macaron d’Amiens et les salicornes.


Mais en soi, la vie de tous les jours reste la même. Je ne suis pas partie à l’étranger, les gens parlent toujours ma langue. Le changement a certes était rapide et brutal, je n’ai pas fait “petit à petit” mais tout est finalement question d’habitude. J’aimerai d’ailleurs beaucoup avoir le témoignage inverse, d’une nordiste partie vivre à Bordeaux !



Merci d’avoir suivi mon histoire jusqu’au bout !


Si vous souhaitez vous aussi participé et que l’on vous consacre un épisode, c’est avec plaisir. Pour ce faire, vous pouvez nous contacter sur le mail de OSDQ (onsediraquoi@gmail.com) ou nous envoyer un message en privée sur l’un de nos réseaux sociaux !

Au plaisir de vous lire tous ! ;)

C.

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