Quelles protections hygiéniques faudrait-il privilégier ? Au regard du prix, de l’environnement et de la santé ? Comment se protéger correctement tout en respectant son corps, la planète et son porte-monnaie ? Cet article répondra au mieux à cette question avec diverses comparaisons.
Et messieurs, cet article ne vous est pas interdit. Il est bien que vous sachiez aussi devant quel dilemme nous nous trouvons, une semaine par mois.
Chaque femme connaît cet événement mensuel, pour peu d'avoir un cycle régulier, de ne pas prendre une contraception hormonale coupant les règles et de ne pas être enceinte : deux à sept jours de menstruation, en moyenne ; et ainsi de ses douze à cinquante ans, toujours en moyenne.
Un écoulement naturel de sang par le vagin ayant pour cause l'élimination de l'endomètre, la muqueuse de l'utérus. En effet, ce dernier s'épaissit au début de chaque cycle menstruel afin de pouvoir accueillir l'ovule fécondé qui deviendra ensuite un embryon. Cependant, si cet ovule n'est pas fécondé, l'endomètre n'aura plus d'utilité, et sera donc évacué durant cette période plus couramment appelée “les règles”. Pendant ces quelques jours, la femme va devoir se protéger afin de récupérer et éliminer le sang qui s'écoule, c'est à ce moment là qu'elle va devoir choisir sa protection hygiénique.
En moyenne, nous estimons qu'une femme utilise 10 000 à 15 000 produits menstruels au cours de sa vie, que ce soient des tampons, des serviettes ou encore leurs emballages.
Il s'agit donc d'un événement récurrent pour plus de la moitié de la population, demandant un certain budget pour les femmes, mais ayant aussi de grandes répercussions sur l'environnement et sur la santé.
Cet article, se basant sur un dossier que j’ai écrit en 2018 pour un cours de droit de l’environnement, parlera des protections hygiéniques, en considérant l'aspect environnemental et médical. En conclusion, il évoquera également le côté monétaire.
Avant de commencer à regarder les protections dans le spectre de ces deux aspects, je vais vous présenter diverses méthodes de protections que l'on évoquera tout au long de cet article. Cette liste de méthodes n'est pas exhaustive, mais elle s'avère être celle des méthodes les plus courantes.
Dans les protections internes, à insérer dans le vagin, nous retrouvons le tampon, la coupe
menstruelle (appelée plus généralement « la cup »), et l'éponge menstruelle.
Dans les protections externes, à placer contre la vulve, il y a la serviette hygiénique jetable ou réutilisable et la culotte menstruelle (pas de nécessité d'illustrer, cela ressemble à une culotte tout fait classique).
Et il y a enfin le flux instinctif. C'est un moyen de protection qui ne nécessite aucun dispositif externe ou interne, mais le seul entraînement de la femme. Il s’agira pour elle de faire écouler son sang uniquement lorsqu'elle le veut, un peu comme lorsqu'elle va aux toilettes pour uriner.
L'aspect environnemental - la nécessité de protéger l'environnement
Une femme utilise en moyenne 10 000 à 15 000 produits menstruels au cours de sa vie, cela signifie qu'elle dégage tout autant de déchets.
Selon « Group'Hygiène », syndicat professionnel français représentant les fabricants d’articles à usage unique pour l’hygiène, la santé et l’essuyage, en 2005, la France comptait 16 millions de femmes âgées de 13 à 50 ans. Celles-ci, consommatrices potentielles, utilisaient 290 protections par an, ce qui fait un chiffre aux alentours de 45 milliards de protections hygiéniques qui sont jetées dans le monde par an. Un résultat considérable pour la planète puisqu'elles prennent autant de temps qu'une bouteille en plastique pour se dégrader, c'est à dire 500 ans. D'après « Greenpeace », l'industrie des protections hygiéniques est l'une des plus polluantes au monde.
Face à ces chiffres, deux possibilités s'offrent à la femme : passer aux protections jetables aux matériaux bio, qui seront moins polluants au moment de la dégradation ou opter pour des méthodes de protection où aucun déchet n'est émis.
Pour la première option, en grande surface, peu de protections jetables bio où avec moins d'éléments toxiques dedans sont trouvables, il faut aller dans des magasins spécialisés et parfois payer bien plus cher que pour une protection classique.
Pour la deuxième option, la femme pourra passer à la culotte menstruelle, la serviette hygiénique lavable, la coupe menstruelle, l'éponge menstruelle ou le flux instinctif. Pour l'aspect environnemental, ce type de protections hygiéniques semble être plus favorable puisqu'il n'y aura aucun déchet.
En plus de produire beaucoup de déchets après utilisation et donc être très polluantes, les protections périodiques jetables connaissent aussi un procédé de fabrication très lourd pour la planète. En effet, pour être façonnés, de nombreux produits chimiques sont utilisés comme le plastique ou de la résine. Ajoutons à cela que les protections hygiéniques ne sont pas proposées de façon “brute”, mais elles sont emballées individuellement, puis dans une autre boite. Certains tampons ont des applicateurs (morceaux de plastique aidant l'application dans le vagin en utilisant un principe similaire à une seringue. Les serviettes ont un côté absorbant et un côté adhésif afin que celles-ci tiennent dans la lingerie. Il y a donc de la colle mais aussi des papiers permettant de protéger la partie collante avant utilisation.
Nous sommes donc face à quatre déchets pour une serviette et deux à quatre déchets pour un tampon, suivant s'il est avec applicateur ou non. Et ceci seulement pour une seule utilisation, la femme en utilisant plusieurs par jour pour optimiser l'absorption du flux, et ainsi plusieurs jours dans un mois.
Il faut aussi remarquer que de nombreuses femmes jettent leurs tampons usagers et les applicateurs dans les toilettes, se retrouvant ainsi dans les océans et posant de nombreux problèmes aux poissons et aux mammifères aquatiques. Nous reparlerons de ça dans un article consacré spécifiquement à l’écologie et aux techniques que l’on peut adopter pour diminuer ses déchets et son impact sur la nature. Mais réellement, ne faites pas ça ! Pas de serviette ni de tampon dans les égouts !
L'aspect médical - la diminution de risque pour la santé
Concernant la santé des femmes, il y a deux points à observer : la composition parfois douteuse des protections jetables et le risque de choc toxique avec les protections internes.
Pour les serviettes hygiéniques, elles sont constituées de matériaux chimiques et de cellulose. Elles sont ensuite blanchies et stérilisées au peroxyde d’hydrogène. Ce procédé de stérilisation laisse des résidus de dioxine, qui est un polluant pour la planète mais est aussi potentiellement toxique pour la santé. Même s'il n'est pas présent en grande quantité, il reste polluant, surtout lorsque l'on regarde le nombre de serviettes utilisées par les femmes réglées, ces résidus sont bien plus nombreux. Nous pouvons ajouter à cela que certaines serviettes hygiéniques, tout comme certaines couches pour bébé, sont conçues pour être « super-absorbantes » et de nombreux produits chimiques vont alors être utilisés, pouvant causer des effets indésirables.
Pour les tampons, ils sont composés de viscose, une matière synthétique ultra absorbante. Le problème avec cette matière, c'est que humidifié, le tampon peut se désagréger lentement, et ainsi laisser des filaments de viscose dans le vagin. En laissant de tels résidus dans le corps de la femme, il y a des risques d'infections.
Nous pouvons ajouter à ça que certains chimistes ont détecté du glyphosate (un herbicide), ainsi que de la dioxine (molécule produite par la combinaison de chlore et de composés organiques), en analysant des tampons. Le risque pour la santé est là encore présent.
Concernant la coupe menstruelle, elle est généralement en silicone de qualité médicale, plus ou moins souple, mais cela dépend des marques. Elle récupère le sang que la femme pourra vider par la suite, puis elle pourra la nettoyer, la stériliser et la réutiliser le mois suivant. Pouvant être utilisée une dizaine d'années, elle est souvent vue comme l'alternative aux tampons la plus écologique et économique. Pourtant, son utilisation commence à apporter de nombreuses questions concernant la santé, pour le risque de choc toxique.
/!\ POINT IMPORTANT SUR LE SYNDROME DU CHOC TOXIQUE /!\
Le syndrome du choc toxique (SCT) est une maladie très grave et difficile à diagnostiquer puisqu'elle peut facilement être confondue avec d’autres. Elle se manifeste notamment par des vomissements, de la fièvre ou des éruptions cutanées, allant de pire en pire, jusqu'à la mort potentielle. En 2012, une jeune mannequin américaine, Lauren Wasser, a ainsi perdu une jambe suite à un syndrome du choc toxique. Néanmoins, seules les femmes porteuses du staphylocoque doré, une bactérie qui peut se trouver naturellement dans le corps humain, peuvent en être victimes.
Le SCT arrivera alors qu'une femme porteuse de cette bactérie conserve trop longuement son sang de règles en elle. En laissant trop longtemps un tampon, une coupe menstruelle ou même une éponge (tous les moyens de protection interne en somme), la bactérie utilisera le dispositif comme milieu de culture et se développera. Elle libérera une toxine très dangereuse qui déclenche une infection généralisée. Rapidement prise en charge, la femme pourra être guérie, mais il est préférable de prévenir un tel risque en ne conservant pas trop longtemps sa protection en soi.
Si certaines boites de tampons proposent une absorption allant “jusqu'à 8h”, il est vivement déconseillé d'aller au delà, voire même d'attendre autant de temps avant de changer de protection. Ainsi, préférez une protection externe la nuit par exemple, pour éviter de garder trop longtemps du sang en-soi.
Évidemment, pour n’importe quelle protection, qu’elle soit jetable ou lavable, interne ou externe, il est fortement déconseillé de la garder trop longtemps : risques d’infections, de mycoses, de brûlures... Même avec un petit flux, pensez à toujours changer régulièrement votre protection !
Dans les six méthodes de protections présentées au début, deux semblent se démarquer. Pour leurs compositions, les tampons et serviettes jetables sont à proscrire, bien qu’il existe des protections jetables bio comme nous l’avons évoqué plus haut, il y aura toujours des produits à l’intérieur, juste “moins pires”. Pour le risque de SCT en étant des protections internes, la coupe et l'éponge le sont aussi.
Nous conseillerons donc à chaque femme d'opter pour le flux instinctif, la serviette hygiénique lavable ou la culotte menstruelle.
Et donc, en conclusion ?
Concernant l'environnement l'utilisation d'une protection réutilisable est la meilleure des solutions pour éviter la pollution excessive, mais aussi l'évacuation d'éléments chimiques. Nous pouvons donc retenir la coupe menstruelle, la culotte périodique, la serviette lavable, l'éponge menstruelle et le flux instinctif.
Concernant la santé, toutes les protections internes sont à proscrire pour éviter tout risque de syndrome du choc toxique. Nous ne conseillons pas non plus la serviette hygiénique jetable, moins dangereuse mais ayant une composition peu intéressante pour la femme.
Nous retenons la culotte périodique, les serviette lavables et le flux instinctif.
Concernant le coût des protections, ce qui est évidemment le premier problème auquel nous sommes confrontées lorsque l’on achète nos protections, les protections jetables restent les plus chères sur le long terme. Les protections réutilisables ont un certain coût au moment de l'achat mais par leurs durées dans le temps, l'achat sera rapidement rentabilisé. Le flux instinctif quant à lui ne demande aucune dépense.
Il existe même des tutoriels pour créer ses propres culottes menstruelles ou ses propres serviettes lavables !
Pour conclure au regard de ces trois points, il semblerait que la meilleure des protections soit le flux instinctif. Il ne coûte rien, et n'est ni mauvais pour la santé, ni pour l'environnement. Cependant, cela demande beaucoup d'efforts pour une femme d'opter pour ce genre de protection, et de longs entraînements.
Il est donc plus simple de choisir la culotte menstruelle, ou la serviette hygiénique lavable. Plus chères mais durables, elles ne présentent aucun risque pour la santé de la femme* et pour l'environnement.
* A condition d’en changer régulièrement, qu’elles soient de bonne qualité et bien nettoyées. Les utilisatrices ne sont pas à l’abri de boutons, de mycoses ou démangeaisons pour peu de garder la même protection toute la journée ou de mal à nettoyer, ou mal la sécher après le lavage !
En revanche, la protection qui semble être la “pire”, car un risque pour l'environnement pour le nombre de déchets, sa composition plutôt néfaste pour la femme, le risque de contracter le syndrome du choc toxique, le prix élevé (et également le manque de réglementation sur le précision de la composition sur les boîtes, si on regarde un peu le côté juridique) : le tampon est très peu recommandable. Il n'a finalement aucun avantage face aux autres moyens, si ce n'est qu'il est interne donc invisible, et est largement le moyen le plus connu.
J’espère que cet article vous aura un peu aidé et aura éclairci certains points de questionnement. N’hésitez pas à davantage vous renseigner sur les marques de protections lavables que vous pourriez utiliser, ou vous renseigner d’avantage sur le SCT si vous ne connaissiez pas. N’ayez pas peur en lisant cet article, il faut simplement une prise de conscience et nous ne sommes pas médecin !
Et si des hommes ont lu cet article jusqu’au bout, merci messieurs. Il est également très important que vous soyez au courant de tout ça, et vous pourrez ainsi accompagner votre entourage féminin concernant le type de protection à adopter.
Si vous avez des choses à ajouter ou des questions, nous vous lirons avec plaisir !
C.
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