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Cultur’elles #1 - Les femmes françaises scientifiques

Bienvenue dans cette nouvelle série d’articles ! Cultur’elles permet de s'intéresser aux femmes françaises importantes dans de nombreux domaines ! Si ce premier article concerne les femmes françaises scientifiques, sachez que l'on parlera également des sportives, des artistes ou des auteures par exemple !

Cette idée m’a été proposée par ma sœur, qui me faisait remarquer que l’on connaît beaucoup d’hommes célèbres, mais peu de femmes. Pour éviter de s’éparpiller, j’ai décidé de me concentrer sur les femmes françaises et non pas traiter de femmes partout dans le monde. Evidemment, cet article ne se veut pas exhaustif, j’ai choisi de parler uniquement de 10 scientifiques, de toutes générations et tout domaine scientifique.


Pour me concentrer sur les femmes les “moins connues”, j’ai fait le choix de ne pas évoquer Marie Curie (chimiste et physicienne ayant obtenu en 1911 le prix Nobel de chimie pour ses travaux sur le polonium et le radium), ou sa fille Irène Joliot-Curie (chimiste, physicienne et femme politique française).



Martine de Bertereau (vers 1590-vers 1642)

Martine de Bertereau aussi connue sous le nom de Baronne de Beausoleil est une minéralogiste française. Elle épouse Jean du Châtelet vers 1610, et c’est avec lui qu’elle voyage dans une grande partie de l'Europe pour y découvrir et prospecter des mines et des gisements. A cette époque là, les mines n’étaient plus du tout étudiées, comme laissées à l’abandon, les exploitations avaient cessé à la fin du Moyen Age, et la baronne avait cette envie qu’elles soient de nouveau ouvertes et exploitées.


Elle a écrit 3 ouvrages, deux en 1632 et un en 1640. Ils décrivent ses méthodes, ses pratiques et ses outils. Concernant le dernier, La Restitution de Pluton, elle y raconte toute sa vie, et celle de son mari, consacrée à la minéralogie et à l'exploration des mines. Elle y développe de nombreux aspects de son métier, donne toutes les régions explorées, les découvertes, les mines, tous les pays traversés...


Son souhait est de rendre toutes ces richesses enfouies dans le sol au roi et à son peuple. Elle fait preuve d'une audace et d'un courage incroyable, se risquant même à évoquer les farfadets et autres nains qu'elle affirme possible de trouver dans les profondeurs de la terre. Sont évoqués dans cet ouvrage de nombreux thèmes qui n’étaient pas très appréciés à l’époque et du coup, elle est accusée de sorcellerie. Le baron et la baronne de Beausoleil sont arrêtés et emprisonnés, l'un à la Bastille, l'autre au donjon de Vincennes. Ils y meurent respectivement vers 1645 et 1642.


Sophie Germain (1776-1831)


Sophie Germain est une mathématicienne autodidacte. A 13 ans, elle a découvert l’Œuvre d’Archimède et découvre les mathématiques. A 19 ans, elle réussit à se procurer des notes de cours de l’Ecole Polytechnique. Le premier domaine où elle apporte une contribution importante est la théorie des nombres. Néanmoins, comme les mathématiques sont réservés aux hommes, elle utilise le pseudonyme d’Antoine Auguste Le Blanc de 1794 à 1807.

Elle a d’abord défini une catégorie particulière de nombres premiers (nombres qui ne sont divisibles que par 1 et eux-mêmes) nommés « nombres premiers de Germain ». Un nombre premier n sera un « nombre premier de Germain » si n est tel que 2n+1 est aussi un nombre premier.


C’est également une physicienne. Après la théorie des nombres, elle s’intéressa à un phénomène de vibration découvert en 1807 par le physicien Ernst Chladni : en saupoudrant de sable un disque de cuivre et en le frottant avec un archet, il obtenait d’étonnantes figures géométriques. Pour expliquer ce phénomène, l’Institut de France ouvrit un concours sur la formulation mathématique des surfaces élastiques. Sophie Germain tenta pendant plus de dix ans de résoudre ce problème, en utilisant son vrai nom cette fois.


Également philosophe, elle a écrit de nombreux ouvrages.


Elle meurt d’un cancer du sein en 1831. Sa tombe se trouve au cimetière du Père Lachaise.


Jeanne Villepreux-Power (1794-1871)

Jeanne Villepreux-Power est une naturaliste française, pionnière de la biologie marine.

Au début de sa vie, c’est une couturière qui est devenue célèbre grâce à une robe de mariage qu’elle réalise pour le mariage de Marie-Caroline de Bourbon-Siciles avec Charles Ferdinand d'Artois, duc de Berry. Elle rencontre à cette époque un négociant d'origine irlandaise, James Power, qui l'épouse en 1818 à Messine.


Elle s’intéresse aux coquillages actuels ou fossiles, et notamment à l’argonaute argo (espèce de mollusques céphalopodes présents dans toutes les mers chaudes). C'est elle qui tranche une question scientifique en suspens à son époque : l'argonaute sécrète-t-il sa coquille ou l'habite-t-il à la manière d'un bernard-l'ermite ? C'est pour mieux les étudier qu'elle construit les cages « à la Power » qui deviendront plus tard les aquariums.

Elle est la première femme membre de l’Académie des sciences de Catane, en Sicile.


Elle meurt à 77 ans dans son village natal (à Juillac en Corrèze), est enterrée dans le cimetière de Pontoiseau. Ce cimetière fut rasé en 1976.


Madeleine Brès (1842-1921)

Magdeleine Alexandrine Gebelin est la première femme de nationalité française à accéder aux études de médecine en 1868, mais sans avoir le droit d'accéder aux concours.


Au 19e siècle, en France, il n'existait pas d'obstacle légal explicite interdisant l'accession des femmes à la médecine. L'exclusion existe à cause des mœurs de l'époque, la question légale ne se posait même pas, car selon Désiré Dalloz (1795-1869) « Bien que l'exercice de la médecine ne soit pas interdit aux femmes, la nature des études exigées pour être reçu à exercer cet art représente un obstacle moral à ce qu'elles puissent s'y livrer ».

Il existait cependant une barrière juridique implicite : la nécessité du baccalauréat pour s'inscrire en médecine. Ce baccalauréat devient accessible aux femmes en 1861, grâce à Julie-Victoire Daubié, première bachelière française à l'âge de 37 ans.


Madeleine Brès se présente en 1866 devant le doyen de la faculté de médecine de Paris, Charles Adolphe Wurtz et lui demande son autorisation pour s'inscrire à la Faculté. Ce dernier lui conseille de passer son baccalauréat de lettres et de sciences. En 1868, par un concours de circonstances extraordinaire, les femmes sont admises à s'inscrire en médecine. Le doyen Wurtz est favorable aux femmes, le ministre de l'instruction publique Victor Duruy est partisan de l'éducation des jeunes filles et le conseil des ministres est présidé ce jour là par une femme, l'impératrice Eugénie. Celle-ci, se référant à la loi du 19 ventôse an XI proclamant la liberté du travail, obtient que soit acceptée l'inscription de Madeleine Brès, acquise après délibération en conseil des ministres.

Cette année là, quatre femmes s'inscrivent à la faculté de médecine, outre la française Madeleine Brès, il y a trois étrangères : l'Américaine Mary Putnam, la Russe Catherine Gontcharoff et la Britannique Elizabeth Garrett - détentrices des diplômes nationaux reconnus équivalents au baccalauréat.

Madeleine Brès, alors âgée de 26 ans, est mère de trois enfants ; le maire du 5e arrondissement reçoit le consentement de son mari.


(Pour le contexte, il faut savoir que de 1861 à 1896, seulement 299 femmes ont obtenu le baccalauréat. Elles doivent le préparer de façon solitaire, aucun établissement scolaire féminin ne proposant un cursus permettant de prétendre au baccalauréat, pas même les lycées de jeunes filles jusqu'en 1924. De plus, toutes les obtentions de diplôme devaient avoir le consentement du mari, les femmes mariées n'ayant pas de majorité civile selon le droit français de l'époque.)


Parallèlement à ses études de médecine, elle passe 4 ans au Muséum d'histoire naturelle chez Edmond Frémy et trois ans dans le laboratoire de Charles Adolphe Wurtz, où elle prépare une thèse de recherche, soutenue le 3 juin 1875. Son sujet est De la mamelle et de l'allaitement : elle montre que la composition chimique du lait maternel se modifie au cours de l'allaitement pour correspondre aux besoins du développement de l'enfant. Elle obtient la mention « extrêmement bien » et sa thèse est très remarquée en France et à l'étranger. Elle devient ainsi la première Française docteur en médecine, en 1875.


Elle exerce ensuite en puériculture, elle écrit de nombreux ouvrages à ce sujet et prodigue des conseils à une clientèle privée et aux crèches municipales. En 1885, elle finance la création d'une crèche gratuite.


Nicole Girard-Mangin (1878-1919)

Nicole Girard-Mangin fut l'unique femme médecin affectée au front durant la Première Guerre mondiale.


L'histoire commence en 1896. Nicole Mangin, 18 ans, entre en première année de médecine après avoir passé une licence en science naturelle et un certificat d'études physiques, chimiques et naturelles, nécessaire pour entreprendre des études de médecine. Pour se faire une place dans cet univers misogyne, elle se démène. Charriée par ses camarades, regardée de haut par ses professeurs, la jeune femme réussit pourtant à être nommée externe des Hôpitaux de Paris trois ans plus tard, aux côtés de quatre autres étudiantes seulement. Mais elle abandonnera ses études suite à son mariage et un fils naît un an plus tard. Trois ans après, suite à des tromperies de la part de son mari, elle demandera le divorce, ce qui ne se fait pas du tout à l’époque. Une fois divorcée, elle laisse la garde de son fils à son ex-mari et elle reprend ses études de médecine.


Au lendemain de la déclaration de guerre, début août 1914, Nicole Mangin a la surprise de recevoir un ordre de mobilisation émanant du Service de santé des armées. L'armée a fait une erreur administrative et croit avoir requis les services du "Dr Gérard Mangin" pour un poste à l'hôpital thermal de Bourbonne-les-Bains (Haute-Marne), établissement de réserve. En effet, l’armée n'acceptera les femmes que 30 ans plus tard. Pourtant, Nicole s'exécute et se porte volontaire pour exercer à Verdun. L'armée manquant de médecins au début du conflit, la présence de Nicole Mangin est tout juste tolérée.


Durant l’hiver 1914-1915, elle fut mobilisée dans la région de Verdun. Elle fut affectée dans des baraquements bombardés où elle dut soigner des personnes atteintes du typhus. Elle y resta pendant toute « l’épopée de Verdun », soignant les non-transportables et les 168 typhiques. Quand les bombardements éclatèrent, Nicole dut évacuer les non-transportables sous la mitraille. Elle fut au volant d’une voiture d’ambulance jour et nuit et c’est à ce moment qu’elle fut blessée à la joue.

Elle fut promue médecin-major en 1916. Cette même année, elle se vit confier la direction de l’hôpital-école Edith-Cavell.


Après la guerre, elle devint responsable de la formation des infirmières, mais continua de rendre visite aux malades, de travailler en chirurgie et de présider le conseil de direction de cet hôpital.


Le 6 juin 1919, Nicole Mangin, 40 ans, est découverte morte à son domicile parisien. Sur sa table de chevet, plusieurs boites et flacons vides de médicaments. Ses funérailles et sa crémation se déroulent au cimetière du Père-Lachaise avant l’inhumation dans le caveau familial à Saint-Maur-des-Fossés.


Marguerite Perey (1909-1975)

Marguerite Perey est une chimiste française, connue pour avoir isolé le francium (élément 87 sur le tableau de Mendeleïev) en 1939.


En 1929, elle obtient un diplôme de chimiste et fut engagée par Marie Curie, qui fit d'elle sa préparatrice particulière. En 1934, à la mort de Marie Curie, Marguerite Perey obtient un poste de radiochimiste, toujours à l'Institut du radium, auprès du nouveau directeur André Debierne. En 1939, Marguerite Perey isole par purification de lanthane contenant de l'actinium le premier isotope d'un élément chimique qui se place dans la case 87 encore vide du système périodique, en dessous du césium dans la classification périodique. Il était alors connu sous le nom provisoire eka-césium. Elle nommera cet élément “francium” en hommage à Marie Curie qui avait nommé le “polonium”. C'est le dernier élément existant découvert à l'état naturel.


Tout en poursuivant ses recherches, elle put achever une licence et soutenir, le 21 mars 1946, une thèse de doctorat sur l'élément 87. Nommée, aussitôt après, maître de recherche au C.N.R.S., elle occupa, dès 1949, à Strasbourg, une chaire de chimie nucléaire. Mais en 1959, au moment où s'est achevée la construction du Centre de recherches nucléaires de Strasbourg-Cronenbourg, elle entrait elle-même dans une longue période de souffrances physiques et morales consécutives aux importantes radiations subies vingt ans plus tôt. Elle a été obligée de ralentir, puis de cesser toute activité. De ce fait, elle a eu à cœur d'introduire dans ses laboratoires des mesures de protection.


Un cancer des os lui est diagnostiqué en 1960. Elle doit arrêter ses activités scientifiques puis s'installer à Nice pour se faire soigner dans une clinique où la progression de la maladie l'affaiblit progressivement. Le 12 mars 1962, elle est élue correspondant de l'Académie des sciences, devenant ainsi la première femme à pouvoir participer aux activités de cette assemblée. Le cancer finit par se généraliser et elle meurt le 13 mai 1975.


Yvonne Choquet-Bruhat (1923-...)

Yvonne Choquet-Bruhat est une mathématicienne et physicienne française. Ses travaux portent notamment sur les mathématiques de la théorie de la relativité générale d'Albert Einstein. Elle est d'ailleurs connue pour avoir apporté la première preuve mathématique de l'existence de solutions aux équations d'Einstein. Ses travaux sont utilisés pour les détecteurs d'ondes gravitationnelles. Titulaire de nombreux prix mathématiques et de décorations honorifiques, elle est la première femme élue à l'Académie des sciences française en 1979.


Elle obtient le baccalauréat en 1941 et remporte le second prix de physique au concours général des lycées.

De 1943 à 1946, elle est élève de l'École normale supérieure de jeunes filles à Sèvres où elle suit les cours des mathématiciens Georges Darmois, Jean Leray et André Lichnerowicz.

En 1946, elle est reçue première à l'agrégation de mathématiques

À partir de 1946, elle est professeur assistant à l'École normale supérieure.

De 1949 à 1951, elle est assistante de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et à cette issue obtient son doctorat en sciences pour sa thèse Théorème d'existence pour certains systèmes d'équations aux dérivées partielles non linéaires écrite sous la direction d'André Lichnerowicz.

De 1951 à 1952, elle est chercheuse postdoctorale à l'Institute for Advanced Study de Princeton aux États-Unis et assiste le mathématicien Jean Leray. Elle y rencontre Albert Einstein et lui expose ses travaux basés sur sa théorie de la relativité générale.

Elle rejoint l'université de Marseille en 1953 en tant que maîtresse de conférences.

Elle retourne à l'Institute for Advanced Study de Princeton durant l'année scolaire 1955-1956.

Elle enseigne à l'université de Reims de 1958 à 1959, puis devient professeur titulaire de la chaire de mécanique analytique et mécanique céleste à la faculté des sciences de Paris de 1960 à 1970.

À la suite du démantèlement de cette dernière, elle enseigne à la nouvelle université Pierre-et-Marie-Curie (UPMC) de Paris à partir de 1971.

Elle prend sa retraite en 1992 et se voit accorder le titre de professeur émérite.


Outre ses travaux sur la théorie de la relativité générale d'Einstein, elle a également travaillé sur de nouvelles méthodes mathématiques qui ont fourni une base solide pour l'étude de plusieurs théories physiques, comme l'hydrodynamique relativiste (dynamique des fluides), les théories de jauge non-abéliennes et la théorie de la supergravité. Yvonne Choquet-Bruhat est l'auteur de plus de 200 publications scientifiques et de plusieurs livres dont Analysis, manifolds and physics qui est devenu un ouvrage de référence pour les chercheurs et étudiants.


Marthe Gautier (1925-...)

Marthe Gautier est une médecin française, pédiatre, directrice de recherche honoraire à l'INSERM, spécialisée en cardio-pédiatrie et a joué un rôle majeur dans la découverte, en 1959, du chromosome surnuméraire responsable de la trisomie 21 (ou syndrome de Down), en collaboration avec Jérôme Lejeune et Raymond Turpin, chef de laboratoire.


Marthe Gautier se découvre très tôt une vocation pour la pédiatrie. En 1942, elle rejoint sa sœur Paulette qui termine ses études de médecine à Paris, avec comme objectif le concours pour devenir pédiatre. Elle réussit le concours de l'internat des Hôpitaux de Paris et passe quatre années en apprentissage clinique en pédiatrie. En 1955, elle soutient sa thèse en cardiologie pédiatrique sous la direction de Robert Debré. Sa thèse porte sur l'étude clinique et anatomopathologique des formes mortelles de la maladie de Bouillaud ou rhumatisme articulaire aigu (RAA) dû à l'expression du streptocoque.


Elle obtient une bourse d’étude d’un an à Harvard et en septembre 1955, elle part donc pour Boston. Là bas, elle poursuit sa formation sur les cardiopathies congénitales auprès du Pr Alexander Nadas. En marge, elle s'initie à la culture cellulaire en travaillant sur des fibroblastes, tâche prévue dans son contrat mais dont elle n'avait pas l'expérience. Elle prend un poste à mi-temps de technicienne dans un laboratoire de culture cellulaire, afin d'y obtenir, à partir de fragments d'aortes, des cultures in vitro de fibroblastes, pour des études comparatives des taux de cholestérol d’enfants et d’adultes.


Joe Hin Tjio, chercheur à l'institut de génétique de l'université de Lund en Suède découvre le 22 décembre 1955 que l'espèce humaine a exactement 46 chromosomes, et non 48 comme précédemment supposé. En rentrant du premier Congrès international de génétique humaine de Copenhague en août 1956, Raymond Turpin confirme la découverte à ses équipes et émet alors l'idée d'effectuer des cultures cellulaires pour compter le nombre de chromosomes chez les trisomiques. Grâce à l'expérience acquise aux États-Unis, Marthe Gautier propose « d'en faire [son] affaire, si l'on [lui] donne un local ». Raymond Turpin ayant accepté, elle constitue en France le premier laboratoire de culture cellulaire in vitro.


En suivant un protocole qu’elle met en place, les cellules des enfants non atteints de trisomie 21 ont 46 chromosomes. Dans les cellules d'un garçon trisomique, Marthe Gautier déclare avoir observé un chromosome de plus. Selon elle, il s'agit en mai 1958 de la première mise en évidence d'une anomalie chromosomique chez les individus atteints du syndrome de Down.

Le laboratoire de l'hôpital Trousseau ne disposant pas à l'époque de microscope capable de capturer les images des lames, Marthe Gautier confie ses lames à Jérôme Lejeune, chercheur au CNRS, qui lui propose de faire les clichés dans un autre laboratoire, mieux équipé. Au mois d'août 1958, les photographies permettent d'identifier un chromosome surnuméraire chez le patient trisomique. Jérôme Lejeune annonce la découverte de la trisomie 21 et du syndrome de Down à un séminaire de génétique de l'université McGill, Canada, en octobre 1958, suite au congrès international de génétique de Montréal qui s'est tenu durant l'été.


À Denver, en avril 1960, la maladie sera dénommée trisomie 21, et la mise en évidence de l'anomalie chromosomique attribuée à Jérôme Lejeune. Marthe Gautier a contesté l'ordre des trois signatures de l'article fondateur de la découverte de la trisomie 21 paru dans le compte-rendu de l'Académie des sciences du 26 janvier 1959. Elle reproche en effet à Jérôme Lejeune, premier signataire de l'article, de s'en être attribué l'entière paternité, sans préciser que le travail de laboratoire était le sien. Elle écrira : « Je suis blessée et soupçonne des manipulations, j'ai le sentiment d'être la « découvreuse oubliée » ». Convaincue d'avoir été trahie, Marthe Gautier décide d'abandonner la trisomie 21 pour retourner vers les soins de l'enfant atteint de cardiopathie.


Françoise Barré-Sinoussi (1947-...)

Françoise Barré-Sinoussi est une chercheuse française en virologie. En 1983, elle a participé à la découverte du virus de l'immunodéficience humaine (VIH) à l'origine du sida, alors qu'elle faisait partie, à l'Institut Pasteur, de l'équipe dirigée par Luc Montagnier.


Après l'obtention du baccalauréat en 1966, Françoise Sinoussi entreprend des études supérieures de biologie à la faculté des sciences de l'université de Paris, où elle obtient le diplôme universitaire d'études scientifiques de chimie-biologie en 1968, la maîtrise en biochimie en 1971 et le diplôme d'études approfondies en 1972.

Elle rejoint dès 1971 le laboratoire de Jean-Claude Chermann au sein du service d'immunochimie de l'Institut Pasteur à Garches, et obtient le doctorat d'État en 1974.

Elle travaille ensuite un an aux États-Unis comme attachée de recherche de la National Science Foundation, puis est recrutée par l'Institut national de la santé et de la recherche médicale, où elle occupe successivement les fonctions d'attachée (1975-1980), de chargée (1980-1986) et enfin de directrice de recherche (à partir de 1986). Elle fait partie jusqu'en 1988 du laboratoire de J.-C. Chermann (lequel avait intégré en 1974 l'unité d'oncologie virale de Luc Montagnier), puis prend à cette date la tête d'une unité de recherche.


En janvier 1983, Willy Rozenbaum envoie à l'Institut Pasteur la première biopsie ganglionnaire d'un patient atteint de « lymphadénopathie généralisée », ce qui correspond au stade de « pré-sida » (antérieur à l'apparition d'une immunodéficience profonde). Prélevé à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, le ganglion est confié à Luc Montagnier, qui, après l'avoir disséqué, le met en culture. Suite à diverses analyses, le 20 mai 1983, Françoise Barré-Sinoussi et ses collaborateurs publient un article dans la revue Science où ils annoncent la découverte d'un nouveau rétrovirus, nommé alors LAV (Lympho-adénopathy Associated Virus), qui sera renommé VIH-1. Cette découverte lui vaut de recevoir le 6 octobre 2008, en même temps que ce dernier, le prix Nobel de physiologie ou médecine.


Entre 1988 et 1998, elle participe à des programmes collectifs sur la recherche du vaccin contre le VIH.


Elle est nommée, le 13 novembre 2017, présidente de l'association Sidaction et le 24 mars 2020, présidente du Comité analyse recherche et expertise (CARE) installé par la Présidence de la République dans le cadre de la lutte contre la pandémie de Covid-19 en France.


Fabienne Casoli (1959-...)

Fabienne Casoli est une astronome et astrophysicienne, présidente de l'Observatoire de Paris depuis le 30 janvier 2020. C'est la première femme à diriger cette institution fondée en 1667.


Elle est ancienne élève de l'École normale supérieure de jeunes filles (promotion 1977), agrégée de physique, docteure en astrophysique, et astronome de profession.

Elle effectue son master 2 en sciences physiques à l’École normale supérieure (1977-1981), sa thèse de 3e cycle à l'Université Pierre et Marie curie et son agrégation de physique (1982) et sa thèse d’État d'astrophysique à l'Université Paris-Diderot (1987). Elle part observer le ciel avec tous les radiotélescopes de l'époque au Japon, aux États-Unis, en Espagne, au Chili.


De 2001 à 2007, elle a été successivement directrice scientifique adjointe de l’Institut National des Sciences de l’Univers au CNRS, puis directrice de l’Institut d’Astrophysique Spatiale à Orsay.

En 2007, elle a rejoint le CNES où elle a été directrice adjointe de la Direction de l’Innovation, des Applications et de la Science et responsable de la direction scientifique.

Depuis 2017, elle coordonne la participation de l’Observatoire de Paris au projet de radiotélescope géant SKA (Square Kilometer Array) et elle est membre de l’équipe projet de NenuFAR (NEw extension in Nançay upgrading LOFAR), un radiotélescope de nouvelle génération situé sur la station de radioastronomie à Nançay (Cher).


Sources :



Je serai curieuse de savoir si vous connaissiez déjà toutes ces femmes et de qui vous auriez parlé !


C.

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